Aglietta nous livre une analyse pertinente de la crise de 2011. Et Il nous donne aussi les clefs d'une sortie de crise honorable nous permettant d'éviter la spirale dépréssive de "l'austérité généralisée" dans laquelle les politiques de tout bord nous mènent. Aglietta milite pour une Europe fédéraliste, qui pourrait sauvegarder notre modèle social et nous maintenir dans l'économie mondiale, à notre rang, face à l'Asie. Il met en avant trois recommandations : la modification du statut de la BCE, afin de faire de l'Euro une monnaie complète, la construction d'une gouvernance budgétaire commune, et enfin, la mutualisation des dettes européennes avec la création d'un vaste marché des eurobonds.
A ce jour, si nous ne faisons rien, son constat est simple. Comme nous l'a indiqué la récente étude de l'OFCE, publiée en décembre, nous pourrions connaitre de nouveau une récession de l'ordre de 2.5% en 2012 accompagnée de 12% à 13% de taux de chômage. Les risques clairement identifiés seraient que les grands pays se complaissent dans leur politique auto centrée et qu'ils assistent à la faillite de la Grèce et l'éclatement dela zone euro.
Le plaidoyer de Michel Aglietta s'articule en dix chapitres, qui constituent autant de réponses aux questions simples que lui a posé l'attitude des différents acteurs empétrés dans la crise de la dette européenne. Il examine toutes les raisons qui ont poussées les parties prenantes à ne jamais prendre de mesures radicales pour assurer le succès d'une stabilisation de la situation grecque. Il met en avant les différentes failles de la gouvernance monétaire et financière européenne qui ont aggravé la situation en facilitant l'accès à un crédit bon marché pour toute la zone sans contrôle budgétaire. Il questionne les réticences de la position allemande à jouer un rôle dominant dans la zone, et désireux avant tout de rétablir leur compétitivité, mise à mal par les effets de la réunification plutôt qu'à jouer le rôle de leader européen. II critique l'efficacité des demi mesures adoptées en novembre dernier, car elles n'ont pas calmé les inquiétudes des opérateurs et elles ont laissé planer les risques d'une dépression en Europe, ou au mieux la certitude d'une croissance faible pour la décennie future. Il s'interroge sur les investissements nécessaires à une relance durable de la croissance en Europe et la place que pourrait prendre une politique industrielle novatrice qui permettrait de relever le potentiel de croissance.
Ainsi, l'auteur précise les idées qu'il a développé depuis l'été 2010 lors de nombreuses interventions remarquées :
- La nécessité d'une politique industrielle nous permettant de retrouver nos spécialisations à haute valeur ajoutée,
- Le maintien d'un euro faible à un niveau de 1.20 dollar pour un euro,
- La restructuration de la fiscalité autour d'une fiscalité carbone, avec un effet prix indicatif et une possibilité pour l'Etat d'accompagner la baisse du cout du travail
- L'augmentation des moyens financiers européens avec la création d'un fonds vert permettant le développement des productions économes en énérgie et respectueuse de l'environnemement.
Gageons qu'il sera entendu, au moins des décideurs publics européens.
Jean-Christophe Cotta
Aglietta : Zone Euro Eclatement ou Fédération - Michalon, 2012
Critique du monde de mardi 7 février
Intervention de michel Aglietta sur la crise en juillet 2010
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