La gestion diversifiée a souffert en 2011. Si l'on en juge par la performance de tous les gérants qui s'en réclament, la performance moyenne atteint - 7 % pour un risque de portefeuille associée de 12.5 %. Ce résultat masque une forte disparité. La grande majorité des gérants affiche des pertes négatives allant jusqu'à -35%. Et le risque de portefeuille associé évolue à un niveau de même ampleur. Malgré tout , un très petit nombre de gérants affiche une performance positive dont le maximum atteint péniblement 5-7%.
Trois raisons principales expliquent ce résultat. D'abord, les gérants ont abordé l'année plutôt optimistes sur le potentiel de résistances des marchés aux difficultés lièes à la gestion de la crise. Ensuite, de manière consensuelle, ils ont souvent concentré leur intérêt dans la zone Euro, du fait de sa contre performance en 2010 et n'ont anticipé ni le retournement américain, ni le ralentissement des pays asiatiques et émergents. Enfin, ils ont subi la forte baisse des dix jours de juillet-aout en étant exposés. Seules les gestions déjà sur leur garde en début d'année ont réduit les pertes.
Va-t-on pour autant assister à une désaffection pour ce type de gestion, en sympathie avec les rachats nets du monétaire, des taux ou des actions? ou pourrait-on plutôt constater dans les années prochaines un regain d'intérêt pour cette catégorie de gestion sous sa forme traditionnelle ou sous une autre plus "réactive" ? Après tout, la gestion diversifiée a bien des qualités. Elle adapte son exposition aux risques aux conditions des marchés et ajuste ses positions en fonction des performances constatées. Sous sa forme flexible, elle peut même aller jusqu'à faire varier son exposition en actions taux ou monétaires de 0 à 100%.
Je suis de ceux qui pensent depuis bien longtemps, que le type de gestion diversifiée traditionnelle a un avenir dans la configuration actuelle de nos marchés financiers.
Tout d'abord, parce que la gestion diversifiée offre une discipline de gestion dans la durée. Elle permet de s'adapter aux changements de la conjoncture boursière durant un semestre ou deux, et de maintenir le cap sur un horizon d'investissement beaucoup plus long.
Ensuite, parce que son organisation en interne des sociétés de gestion exige d'obtenir la confirmation formelle des principaux aménagements de portefeuille par l'ensemble des décideurs de manière régulière.
Enfin , pour en avoir fait plusieurs l'expérience, ce type de gestion permet de réagir plus efficacement aux variations de la volatilité. Parmi les plus talentueux, nous trouvons les gérants qui ont su réduire leurs expositions actions et emprunts d'Etats afin de mieux maitriser l'enveloppe de risque préalablement défini avec le client.
Si l'on étudie les gestions flexibles, qui par définition ne sont pas contraintes par une exposition maximum ou minimum, la situation est la même mais beaucoup plus sensible, voir délicate.
Tout d'abord, l'année 2011 aura été une année encore moins favorable que pour la gestion diversifiée classique. Les résultats de gestion sont moins bons et le risque des portefeuilles en moyenne beaucoup plus important. Rappelons en effet à tous les investisseurs intéréssés par ce type de gestion que , par rapport à la gestion classique, l'écart de performance est toujours plus important entre les meilleurs et les moins bons... et que les risques de portefeuille, en cas de coup dur, sont au moins du double d'une gestion classique. Cette dernière bénéficie de la force de rappel de son exposition minimale ou maximale, en cas de mouvements contrariants. A titre d'exemple, le rebond du mois de janvier a permis des gains substantiels en actions de l'ordre de 10 à 20% et des gains dans l'obligataire crédit de l'ordre de 3 à 5%.
D'autre part, l'investisseur est confronté, en plus, dans son choix à une difficulté supplémentaire : la sélection d'une technique de gestion. La gestion flexible regroupe au moins trois types de fonds différents : La gestion classique munie d'une couverte variable des principaux risques de marché, la gestion systématique quantitative, ou les fonds influencés par la culture global macro... Force est de constater que dans ces deux derniers domaines, nous ne disposons pas d'un historique suffisant pour faire un véritable choix. Nous privilégions alors les premières car dans un grand nombre de cas, elles ont un historique long et une réputation dans le domaine de la gestion classique. Reste à la gestion quantitative systématique de faire ses preuves dans la distribution à droite de ses performances et à la gestion "global macro" de s'affirmer en France avec l'émergence de bons gérants sur dix ans.
Jean-Christophe Cotta
Téléchargement Flexible allocation_Feb2012
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