Inutile de nous le cacher, il ne fait pas bon etre prudent. Le consensus de place est désormais acquis corps et ames autour de l'adoption d'une allocation en actifs risqués la plus large possible sans solution alternative , du fait de l'absence de rentabilité des actifs à court terme, de la baisse durable des taux courts et d'une myopie bienveillante concernant la reprise économique et son illustration bienfaitrice, le rebond des résultats des sociétés. Les décideurs ne se sentent point concernés par la déflation en formation, ni d'ailleurs par le maintien d'un chomage fort. Le pire n'étant jamais sûr. La stratégie consisterait à diversifier le plus possible son portefeuille : avec au choix actions value, les actions à distribution de dividendes, les actions asiatiques, la dette des pays européens périphériques, la dette à haut rendement, la dette émergente, les matières premières.
A la base, la situation actuelle est assez claire. Les primes de risque ont fortement baissé, les actifs à risque sont correctement valorisés, le risque mesuré par la volatilité du prix des actifs est bas, et les rentabilités attendues sont désormais tres favorables aux actions, aux convertibles et aux crédits risqués. Bref, cette partie des investissements est en attente de confirmation de la reprise et du rebond du résultat des entreprises à des niveaux de valorisation élevés. A ce stade, le seul soutien de qualité est désormais la relance des fusions acquisitions dans le monde. Sur le premier point, il n'y a plus guère de doutes, la reprise est en cours. Nous avons dépassé un point bas au cours de l'année dernière. Sans doute, plus bas que prévu d'ailleurs. Et l'ampleur du rebond pourrait se situer entre 0,8% et 1%, à un niveau plus bas qu'escompté aussi, si l'on considère les récents chiffres du premier trimestre. Sur le second point, point de nouveau. Le résultat des entreprises a fait l'objet de révision à la baisse depuis deux ans, le premier semestre 2014, compris, pou finir dans le négatif d'ailleurs. Rien d'étonnant compte tenu des chocs économiques subis depuis 2008 "et en 2011 et 2012, cette situation n'est guère surprenante. Enfin, seul point de support, la reprise des rapprochements d'entreprises attestent de leur richesse en liquidités et de leur volonté de restructuration, de rationalisation de leur process et de rédéploiement de leurs forces vives vers de nouvelles spécialités.
Ce qui me gène dans cette situation, c'est l'absence de choix, évidemment. Prise de risque sinon rien. C'est aussi l'appel à la diversification des différents risques dans des actifs spécialisés qui me dérangent plus. Parce qu'à coup sûr, plus la nature du risque est spécialisée plus la probabilité de perte et son montant sont élévés. Pour le reste, la posture des investisseurs est légitime, si l'on ne dépasse pas un niveau de valorisation trop important, auquel tout le monde finit par s'habituer, au fil du temps. Il faut aussi juste faire l'hypothèse d'une hausse de bénéfices à hauteur de leurs attentes.
Face à cette situation, il serait sage à mon sens de maintenir une stratégie prudente qui vise à réduire son exposition directe actions et à la reporter sur des positions crédits. Rien de passionnant ni de novateur. J'en conviens. Mais cette stratégie permet de disposer d'un Sharpe attractif et d'un risque mesuré en exposition actions. Elle permet aussi de se prémunir de la baisse des actions, issue de résultats en hausse moins vigoureux qu'attendus.
A ce stade, je pense que la tendance baissière des taux long en l'absence de changement d'indication sur les taux courts devraient perdurer. Et ce, tant que les consommations ne s'ajustent pas en baisse afin de tenir compte dans un grand nombre de pays développés de la baisse du pouvoir d'achat des agents économiques. Les ajustements économiques structurels sont à ce prix.
Jean-Christophe Cotta
Allocation & Sélection
Commentaires