Nous entrons dans une nouvelle phase de la régulation de la crise en Europe comme aux Etats Unis. Il est nécessaire aux autorités publiques, gouvernements et banquiers centraux, de communiquer sur l’inflexion probable de leur politique et de préparer les esprits à une modulation conditionnelle de leurs politiques. Les marchés financiers devraient rester plutôt calme dans ce contexte cet été. Mais, c’est bien la divergence des politiques monétaires qui risque fort d’amener plus de volatilité et d’inquiétudes sur les grands équilibres économiques et financiers.
Dans les deux cas, la communication a pour but de préparer les esprits à une inflexion notable des tendances de marché actuel dans le futur lointain, sans doute pour éviter de trop fortes anticipations au second semestre. Une manière de freiner astucieusement l’exubérance irrationnelle des marchés et la gestion de l’éclatement de trop nombreuses bulles, dans l’obligataire, les matières premières, l’immobilier et les actions. Une manière aussi de lisser dans la durée (18 mois) les ajustements de valorisation trop optimiste d’un grand nombre d’actifs. A ce stade, l’enjeu consiste à informer du futur lointain, sans forcément précipiter un mouvement annoncé depuis plus d’un an comme inéluctable. Dans les deux cas, les anticipations sont stabilisantes puisque la hausse aux Etats Unis comme en Europe a été ralenti.
Dans ce contexte, si les banques centrales sont à la manœuvre, de bonne façon, avec des injections de liquidités financières suffisantes et nécessaires pour lisser les pertes de 2008, il revient aussi aux gouvernements d’adapter la politique budgétaire et fiscale nécessaire au financement de leurs ajustements économiques et sociaux : arrêter ou freiner la progression de leur endettement public, limiter leur déficit public structurel et faciliter le redéploiement de l’activité économique privée de leur pays ou de leur zone. L’essentiel de leur réussite est basée sur la reprise économique et la maitrise d’anticipations positives en matière d’emploi et d’activités. Si les Etats-Unis, l’Allemagne et le Royaume Uni semblent tirer d’affaire, à ce stade, une grande partie des pays dans le monde semble connaître une situation délicate.
Dans ces deux cas, il est encore trop tôt de s’assurer de la qualité de la reprise anglo-saxonne et d’avoir une appréciation du temps d’adaptation nécessaire aux pays en difficulté, pays développés ou émergents. Pour ces raisons, les autorités mettront du temps à mettre en œuvre leur nouvelle politique et sauront s’adapter à une conjoncture encore incertaine pour de nombreux mois. L’essentiel est d’avoir la certitude de l’implication effective des autorités monétaires ou budgétaires. Pour le reste, les résultats effectifs feront la différence.
De fait, aucune tendance de marchés ne devrait se dessiner d’ici l’automne. Nous parions sur une stabilisation des marchés financiers au cours de l’été autour des niveaux actuels avec peut être un peu plus de volatilité qu’à l’accoutumée. Les bonnes nouvelles, de statistiques comme de résultats de sociétés, de part et d’autre de l’Atlantique, serviront à confirmer les anticipations à la hausse des valorisations actions. Les mauvaises nouvelles pourraient contribuer à réduire encore un peu plus les taux souverains, sans écartement des marges, éléments de soutien de valorisation des emprunts comme des actions, après une courte période de consolidation.
Il est toutefois indispensable que la divergence des conjonctures économiques des deux continents ne soit pas trop importante sans endommager le mouvement de stabilisation en cours en Europe. C’est de la lecture des indicateurs appropriés que viendra ou pas une tension non salutaire des taux européens, une fois le mouvement américain enclenché. Le niveau du dollar devrait s’apprécier dans ce sens.
Jean-Christophe Cotta
Allocation & Sélection
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