Durant le mois d’Aout, les bourses mondiales ont consolidé fortement sur une série d’informations attestant du ralentissement en cours de l’économie mondiale pour l’année à venir. L’attention s’est portée sur la Chine et l’inflexion probable de la politique monétaire américaine. L’annonce de la dévaluation du yuan, associé à de mauvais chiffres portant sur l’activité industrielle en Chine et les craintes de la remontée probable des taux directeurs de la FED mi septembre ont enclenché un mouvement de panique supplémentaire à celui que nous avions connu avant l’été, en Asie. Fait nouveau, cette baisse a entrainé une correction plus marquée des marchés américains et européens par contagion, alors même que la conjoncture économique montrait des signes de redémarrage., d’ailleurs assez vigoureux aux Etats Unis
Pour de nombreux observateurs, cette situation était pourtant prévisible depuis l’année dernière. Au moins pour tous ceux qui prônaient déjà une allocation d’actifs plus prudente. La baisse du prix de pétrole et du prix d’un grand nombre de matières premières annonçait une baisse de l’activité des pays émergents et une baisse de leurs importations. Et, pour les pays développés, les transferts de pouvoir d’achat dus à la baisse des prix des matières premières ne compenseraient que partiellement la baisse du produit de leurs exportations et la hausse de l’épargne de précaution. Tout cela militait pour une réduction de l’allocation d’actifs en actions…
Les plus audacieux et pragmatiques, ils furent nombreux au premier semestre, se sont laissés portés par l’annonce de nouvelles injections financières de la BCE et les signes de statu quo de la FED. Après tout ils n’étaient pas urgents de réduire l’exposition à leurs actifs risqués tant que la liquidité internationale était quasi garantie aux banques pour assurer le nettoyage de leurs bilans et l’accompagnement le cas échéant de la reprise du crédit. Nous pourrions attendre la fin du semestre…
Le milieu de l’été aura réalisé leurs prévisions. Plus de 14% de baisse pour les actions dans le monde pour un rebond de 4%. Sur l’année, les actions enregistrent une performance de 3% à peine en 2015 pour un niveau de volatilité en forte hausse. En ligne avec la performance sur les 5 et 10 dernières années…
Que faire aujourd’hui ?
Ma première réaction serait d’attendre un point d’entrée. Nous pourrions faire l’expérience d’une nouvelle baisse de 10% des actions d’ici le mois d’octobre. L’inflexion même prudente de la politique de la FED marquera une nouvelle période pour tous les investisseurs, source de tensions supplémentaires. Il faudra savoir vivre avec la hausse des taux US, et sa conséquence sur les valorisations actions, les valeurs relatives obligataires et le prix des matières premières. Il faudra aussi se prémunir contre les fluctuations des principales devises.
Ma seconde réaction serait alors de trouver de nouvelles sources de diversification au sein d’un portefeuille multi-actifs par une exposition progressive (à l’instar que ce que nous fîmes au premier trimestre 2009 pour le crédit) : Intégrer les matières premières, utiliser les taux variables sensibles en actions, ne pas hésiter à investir en Asie et aussi sur des actifs pays émergents.
Enfin et pour le reste, au sein d’un portefeuille actions, nous recommandons d’effectuer un arbitrage favorable aux actifs européens. Ces derniers gardent un attrait supplémentaire pour leur capacité défensive ; ils ont beaucoup moins monté et plus baissé que les actions US sur les dix dernières années. Et, aussi, ils pourraient avoir un potentiel de rebond plus important lors du redressement de la croissance mondiale courant 2016 et 2017.
Jean Christophe Cotta
Allocation & Sélection
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