Le second trimestre s'ouvre sur des avis plus prudents de nos stratèges financiers. Les mouvements des marchés de taux et d'actions ont certes marqués les esprits : baisse des actions mi janvier, rebond presque mécanique ensuite, tension sur les taux puis détente. Les décideurs en sont toujours à espérer une évolution en pente douce, si possible positive pour les actions et si possible pas trop négative pour les obligations. Ils se prononcent dans leur grande majorité pour une neutralité bienveillante au sein de leur allocation d'actifs. Les actions ont désormais un niveau de valorisation élevée et les marges de crédit de qualité ou spéculative se sont finalement bien détendues.
La prudence requise a bien entendu des raisons de fonds. D'abord, les attentes de nos stratèges ne se sont pas réalisées. La performance des actions a progressé en territoire négatif une partie du premier trimestre pour finir légèrement positif. Et celle des produits obligataires a enregistré une performance positive substantielle, avec une palme pour les fonds d'emprunts souverains s'illustrant au dessus des fonds de crédits. Ensuite, le rebond de l'activité économique dans le Monde semble marqué dans le meilleur des cas une pause tant en Asie, avec la Chine et le Japon, qu'en Europe et aux Etats Unis. Le changement de modèle de développement de la Chine et dans son sillage d'un grand nombre de pays asiatiques devrait aboutir à un niveau de croissance plus bas, les réformes en Europe sont essentielles pour assurer une reprise de la croissance plus auto centrées et plus favorables au économies périphériques. Et les Etats Unis doivent trouver les moyens de reprise sans nouvelles bulles immobilères ou énergétiques. Enfin, les tensions géopolitiques touchant les limites d'influence de la Russie en Europe et la collaboration des instances européennes à ce nouvel équilibre ont fait remonter la prime de risque sur les marchés ( annexion de la Crimée, utilisation du principe de nationalité par la Russie et concentration de troupes aux frontières occidentales de l'Ukraine).
Dans ce contexte de rééquilibrage de leurs anticipations, les choix de réallocation au sein des classes d'actifs sont finalement difficile à mettre en oeuvre. D'abord, en situation de prudence, il est nécessaire de détenir du monétaire. Mais, les rendements court terme sont toujours quasi nuls. A ce titre, nous leur préférons des fonds monétaires dynamiques dont le risque de portefeuille ne dépasse pas 2% et dont la performance fournit un rendement de EONIA +1,5%. Il existe un petit nombre de fonds qui ont su depuis 10 ans fournir ce type de résultats (portefeuille obligataire de faible duration, exposition faible aux actions et bonne diversification des risques de portefeuilles). Il faut donc pour cela prendre le risque d'une perte court terme de l'ordre de 1% en cas de tension des taux directeur ... Ensuite, dans l'obligataire, compte tenu de la déflation en cours de construction, il serait souhaitable de faire une place aux fonds souverains. La décision n'est pas aisée, tant les taux sont bas et le risque de perte assez fort de nos jours. Mais la situation déflationiste actuelle pourrait contribuer au maitien d'une dernière tendance baissière (souvenons nous du Japon dans les années 90, de la défiance du public vis à vis de leurs banques et de l'absence de réformes structuelles). Enfin, concernant les actions, clairement, si nous faisons le pari d'une reprise en pente douce, l'Europe constituera une excellente source de rendement, toujours avec une préférence pour la zone euroe et le royaume Uni. Il faudra savoir continuer à réduire les fonds actions américains et à maintenir les fonds Asie sous observation. Là encore, il n'est pas simple de réduire la zone géographique dont la croissance repart, de se priver encore pour quelques temps de la zone la plus prometteuse et de se concentrer sur notre vieux continent en panne de réformes de structures.
Il est vrai que l'approche contrariante finalement ne convient pas forcément aux prudents. A eux de prendre ces risques. A mon sens, ils devraient en être satisfaits d'ici l'été.
Jean Christophe Cotta
Allocation & Sélection
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