Notre scénario économique reste valide. Nous assistons en ce moment à un redémarrage de l’économie mondiale, tirée par les pays producteurs de matières premières et les principaux pays émergents, par l’Asie, et par les Etats-Unis. Nous tablons sur une reprise lente et modérée, favorable aux économies émergentes, dont les taux de croissance sont au moins deux fois plus élevée que celles des économies développés et les taux d’inflation au moins trois fois plus hauts que ces dernières. Nous anticipons une phase de développement centrée sur la croissance de la consommation interne des différentes zones géographiques, associée à une pause sensible de la mondialisation. Et un accroissement lent du pouvoir d’achat des classes moyennes ayant les moyens de consommer plus. La récente publication de l’OCDE s’inscrit dans cette perspective et table sur une reprise de l’économie mondiale de l’ordre de 0.3% en 2017 et 2018, favorable aux Etats Unis, (+0.7% par an), avec une stabilité de la zone euro et une sortie de récession des principaux pays émergents. Nous serions tentés d’attendre un rebond un peu plus élevé au moins hors Europe et sans doute un peu plus bas en Europe. L’OCDE agit toujours avec prudence.
Depuis le 5 décembre, les marchés financiers ont officialisé le rebond des actions, et initié une rotation sectorielle favorable aux banques, aux assurances et aux valeurs cycliques ainsi que les crédits subordonnés bancaires pour le crédit. Ils ont pris en compte les révisions en baisse des perspectives de l’année et opté pour le rebond de l’activité, l’année prochaine, au moins pour les Etats Unis, l’Asie, et les pays producteurs de matières premières. Nous n’attendions plus que la déclaration de la FED et la confirmation de la hausse de 25 BP de ses taux directeurs. Mercredi à 20 heures, le discours de Janet Yellen ne les a pas déçu, tout au contraire. Comme pour le mois de Septembre, les anticipations de hausse futures se sont de nouveau matérialisé des le 15 décembre, sans emballement ni freinage.
Le rally de fin d’année est donc en place. Et les observateurs voient mal quels événements seraient en mesure de gâcher la fête. Qui pourrait d’ailleurs s’en émouvoir. Dans le fonds, en fin d’année, les perspectives restent les mêmes d’une année sur l’autre. Chacun attend une nouvelle fois une croissance réelle retrouvée (rappelons nous que la croissance américaine était attendue en 2016 à 3% et finira à 1,7% annualisée en décembre) et une hausse de l’inflation de l’ordre de 1% (alors même que nous avons frisée la déflation un peu partout dans le monde)…
Plusieurs facteurs m’incitent à un optimisme modéré, mais bien réel. D’abord, la conjoncture mondiale s’est retournée sans doute durant l’été ou à l’automne, avec la remontée du prix de matières premières et celle des cours du pétrole. Rappelons que nous devons le dernier ralentissement de conjoncture à la forte baisse des prix du pétrole à partir de juin 2014. L’inflexion positive des prix du pétrole et des matières annoncerait ainsi sur les deux prochaines années une amélioration sensible de l’activité mondiale. Ensuite, nous devrions connaître la fin des taux négatifs ou très bas, et le regain des investissements immobiliers et productifs visant à bénéficier d’un financement à bon compte et de prix à l’achat attractif du fait des baisses d’activités récentes. Enfin, les freins à la consommation des ménages comme le gel d’un grand nombre d’investissements réels pourraient s’inverser des lors que la psychologie positive se confirme dans les quelques mois à venir.
Reste à calibrer les effets réels de tout cela. Pour ma part, prudence oblige, je me rangerai bien volontiers sur des anticipations modérées pour les Etats Unis (hausse de 0,8 à 1,3% de croissance en plus de 0,5% à 1% d’inflation), pour l’Europe, une stabilisation de croissance et une inflation en hausse (du fait de l’inflation importée) et pour les pays émergents, une croissance de 4,5% à 5% (soit 0,5% à 1% de hausse) pour une inflation de 1à 2% supplémentaire. Si nous traduisons ces attentes sur les marchés de taux, les hausses de taux court et long seront pour les zones en expansion de l’ordre de 0,75 à 1,75% de plus.
2017 s’inscrit donc comme une année de transition positive ; la croissance redémarre un peu partout sauf en Europe. Mais sans aucun doute avec une ampleur de rebond qui restera en deçà des espérances actuelles (de l’ordre de 0,5%à 1,0% max). Le rebond du pétrole devrait être limité (70$ le baril max) par la remise en activité des champs annexes; ainsi que la hausse du déficit structurel américain liés aux investissements publics (+ 1% par an à partir du mois d’avril), le Congrès devrait réduire l’ampleur de l’effort public ; celle du déficit structurel européen de 0,5%), car il y aura suivisme des autorités européennes pour accompagner toutes opportunités de reprise de l’activité. Reste l’inflation, qui pourrait augmenter plus vite du fait de l’impossibilité de répondre rapidement à une demande additionnelle trop importante.
PIB |
2015 |
2016 |
2017 |
Monde |
3,0 |
2,6 |
2,5-3,0 |
Pays Développés |
2,1 |
1,5 |
1,5-2,0 |
Pays Emergents |
4,7 |
4,9 |
4,75-5,25 |
Dont : |
|||
Etats Unis |
2,6 |
1,6 |
2,0-2,5 |
Zone Euro |
1,9 |
1,6 |
1,0-1,5 |
UK |
2,2 |
2,0 |
0,75-1,5 |
Japon |
0,6 |
0,8 |
0,75-1,5 |
Chine |
6,9 |
6,7 |
6,0-6,5 |
Inde |
7,2 |
7,5 |
7,0-8,0 |
Russie |
-3,7 |
-0,6 |
0,5-1,5 |
Source PIMCO, Bloomberg
Inflation |
2015 |
2016 |
2017 |
Monde |
1,3 |
1,6 |
2,0-2,5 |
Pays Développés |
0,2 |
0,7 |
1,5-2,0 |
Pays Emergents |
3,8 |
3,6 |
2,75-3,75 |
Dont : |
|||
Etats Unis |
0,1 |
1,2 |
2,0-2,5 |
Zone Euro |
0,0 |
0,2 |
1,0-1,5 |
UK |
0,0 |
0,7 |
2,25-2,75 |
Japon |
0,8 |
-0,3 |
0,25-0,75 |
Chine |
1,4 |
2,1 |
1,75-2,25 |
Inde |
4,9 |
5,1 |
5,0-6,0 |
Russie |
15,5 |
7,1 |
4,5-5,5 |
Source PIMCO, Bloomberg
Ainsi, une grande partie des hausses de l’année prochaine semble s’être jouée en ce début décembre. Sans doute trop rapidement. Et la rotation sectorielle anticipe trop fortement et trop rapidement l’attrait des secteurs cycliques, value et les financières. Contre toute attente, nous assistons à un rally de fin d’année, essentiellement car les marchés financiers ont décidé de ne retenir que les événements positifs des deux dernières semaines. En accord avec le message astucieux de la présidente de la FED, les marchés obligataires intègrent désormais trois remontées de taux directeurs de 25 BP l’année prochaine. Ainsi, d’ailleurs qu’une bonne tenue des marchés actions. De fait, depuis l’annonce, mercredi, nous avons assisté à une nouvelle tension des taux d’intérêt occasionnant une baisse des obligations à taux fixe et à une remontée des actions mondiales ; les obligations crédits amortissant très clairement la tension de taux. Au sein des actions, toutefois, les actions euro ont pâti des tensions actuelles au sein de l’UE (-1.2 %) et des anticipations moins enthousiasmantes sur l’année. Largement dues aux élections en Hollande, France et Allemagne, ainsi qu’un nouveau scrutin en Italie d’ici la fin de l’année.
Les gestions de fonds portées par ce mouvement seraient les actions américaines, les fonds énergie matières premières, les fonds actions asiatiques (Japon inclus), les obligations à taux variables et les fonds flexibles. A défaut de changements structurels en Europe, les fonds actions Europe risque de fortement sous performer, à moins d'une dévaluation de l'euro en dessous de la parité d'avec le dollar.
Jean-Christophe Cotta
Allocation & Sélection
Achevé de rédiger le 21 décembre 2016
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